Traitements anti-cancéreux

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Comprendre les différents traitements

Les chimiothérapies anti cancéreuses, appelées également chimiothérapies cytotoxiques sont des molécules dont l’objectif est de tuer les cellules cancéreuses ou d’empêcher leur prolifération. Elles ont des modes d’action variés.

Les chimiothérapies peuvent vont aussi agir sur des cellules saines (cellules du sang, du tube digestif ou celles à l’origine des cheveux, poils et ongles). Cela est à l’origine de leurs effets secondaires :

Affaiblissement du système immunitaire – Un système immunitaire affaibli (manque de globules blancs) rend les infections plusfréquentes : fièvre (plus de 38,3°C), frissons, toux ou signes d’infection urinaire…

Anémie – Le manque de globules rouges peut entrainer : fatigue, pâleur, essoufflement et palpitations

Troubles digestifs – Nausées, vomissements, constipations, diarrhées…

Perte des poils et cheveux

 

  • Elles peuvent s’intégrer dans l’ADN en mimant des composés nécessaires à sa formation ou empêcher directement la production de ces éléments essentiels (antimétabolites). L’ADN ne permet plus la reproduction des cellules.
  • D’autres peuvent modifier la structure de l’ADN et aboutir également à la mort de
    la cellules (inhibiteurs de topoisomérase).
  • Certaines vont bloquer la duplication de l’ADN en formant des ponts qui empêchent l’ouverture des brins d’ADN, ce qui va induire la mort de la cellule (agents alkylants).
  • Enfin, d’autres vont inhiber la formation des filets (appelés fuseaux mitotiques) qui permettent de séparer les brins d’ADN lors de la division des cellules. Ces agents sont
    appelés poisons du fuseau mitotique. La cellule détecte alors qu’il y a une anomalie de division et par conséquent s’autodétruit.

Les chimiothérapies agissent sur la division des cellules et sont particulièrement
efficaces sur les cellules à division rapide comme les cellules cancéreuses.

Les thérapies ciblées peuvent cibler des molécules spécifiques que l’on retrouve soit à la surface des cellules cancéreuses soit à l’intérieur de ces cellules.

Fonctionnement des thérapies ciblées

Pour traiter les leucémies aigües, des thérapies peuvent cibler des molécules en surface des cellules cancéreuses. Reconnaitre et cibler ces molécules est le travail des anticorps.

Certains anticorps appelés anticorps conjugués se comporten tcomme le cheval de Troie : ils pénètrent dans la cellule cible et libèrent la chimiothérapie qui va agir sur l’ADN de la cellule cancéreuse. C’est ce qu’il se passe dans le cas des médicaments Gemtuzumab Ozogamycine pour les leucémie aiguës myéloïdes (LAM) et Inotuzumab Ozogamycine pour les leucémies aiguës lymphoblastiques (LAL).

D’autres anticorps anti-cancéreux, appelés immunothérapies, permettent d’appeler “à la rescousse” les cellules du système immunitaire. C’est le cas des médicaments Rituximab, Daratumumab, et Isatuximab. Certaines immunothérapies ne se contentent pas de “donner l’alerte” mais créent directement un pont entre la cellule cancéreuse et les cellules immunitaires. C’est le cas dans le Blinatumomab.

Les inhibiteurs de tyrosine kinase agissent comme des clefs pour fermer chimiquement certaines molécules (les tyrosines kinases). Quand tout va bien, ces tyrosines kinases donnent des instructions de prolifération des cellules. Quand il y a des anomalies, elles peuvent accélérer la prolifération des cellules et mener à un cancer. On peut donc utiliser ces “clefs” pour les inhiber.

L’altération de certains gènes est parfois responsable de la transformation de cellules de la moelle osseuse en cellules cancéreuses. Deux gènes, IDH 1 et 2, vont alors produire des protéines néfastes. Pour éviter cela, deux médicaments appelés inhibiteurs d’IDH ont été développés : l’Ivosidenib et l’Enasidenib. Grâce à ces médicaments, les cellules leucémiques peuvent se retransformer en cellules saines.

Des protéines, appelées Bcl2, peuvent rendre les cellules cancéreuses “immortelles” en stoppant le mécanisme de la mort cellulaire. Le Venetoclax est un médicament qui a pour but d’inhiber Bcl2. Il permet de rétablir le phénomène de mort cellulaire et de provoquer l’autodestruction des cellules cancéreuses leucémiques.

GEMTUZUMAB OZOGAMYCINE (MYLOTARG)

Le Gemtuzumab Ozogamycin (GO) est un anticorps couplé à de la chimiothérapie. Il s’agit d’une chimiothérapie ciblée. Il se lie à une protéine (CD33) de la surface des blastes des leucémies aiguës myéloïdes (LAM). Lorsque le GO est fixé à la surface de la cellule, il peut rentrer dans la cellule leucémique. Une fois rentré dans la cellule, l’anticorps délivre la chimiothérapie. Celle-ci peut rentrer dans le noyau et attaquer l’ADN.

L’administration (la perfusion) du GO peut provoquer des frissons, de la fièvre et plus rarement des symptômes respiratoires, une hypotension ou une tachycardie. De plus, même si la protéine ciblée par le GO est surtout présente sur les cellules cancéreuses, elle ne l’est pas exclusivement. Le GO peut donc attaquer des cellules “saines”.

Cela conduit à plusieurs effets secondaires :

  • réduction du nombre de globules (blancs ou rouges)
  • réduction du nombre de plaquettes (besoin d’un contrôle)
  • problèmes de foie (besoin de réaliser un bilan hépatique)

Dans les veines, en perfusion, en association à une chimiothérapie d’induction composée d’Aracytine et de Daunorubicine. Les doses peuvent varier entre une et trois selon la tolérance du traitement. Ce médicament peut également s’administrer lors d’une rechute en association à la cytarabine.

INOTUZUMAB OZOGAMYCINE (BESPONSA)

L’Inotuzumab ozogamycine (IO) est un anticorps couplé à de la chimiothérapie. Il s’agit donc d’une chimiothérapie ciblée. Il se lie à une protéine (CD22) de la surface des blastes des leucémies aiguës myéloïdes. Lorsque l’IO est fixé à la surface de la cellule, il peut rentrer dans la cellule leucémique. Une fois rentré dans la cellule, l’anticorps délivre la chimiothérapie qui peut rentrer dans le noyau et attaquer l’ADN.

Il est administré dans les veines, par perfusion.

Ce médicament est proposé lors d’une rechute de leucémie aiguë lymphoblastique B (LAL B).

L’administration (la perfusion) de l’IO peut provoquer des frissons, de la fièvre, des symptômes respiratoires, une hypotension ou une tachycardie. Il peut également faire baisser votre taux de polynucléaires neutrophiles et de plaquettes. Ce traitement peut également être toxique pour le foie, par conséquent une surveillance étroite de votre bilan hépatique sera réalisée lors de votre hospitalisation.

RITUXIMAB (MABTHERA)

Le Rituximab est un anticorps ciblant une protéine appelée CD20. Cette protéine est exprimée dans certaines leucémies aiguës
lymphoblastiques (LAL B). Il s’agit d’une immunothérapie puisqu’il va en partie recruter votre système immunitaire sain pour le forcer à agir et détruire les cellules leucémiques.

En se fixant à une cellule possédant la protéine CD20, le Rituximab va provoquer3 mécanismes pour la détruire.

1. Le Ritumixab envoie un signal de mort à la cellule.

2. Le Ritumixab lance un mécanisme immunitaire appelé “système de complément”.

3. Le Ritumixab permet aux cellules immunitaires d’attaquer les cellules cancéreuses.

L’administration (la perfusion) du Rituximab peut provoquer de la fièvre, des frissons, des troubles respiratoires ou une baisse de la tension. Le risque d’infections est aussi surveillé. En effet, le rituximab peut induire la destruction de cellules saines de votre système immunitaire. Si vous avez déjà eu le virus de l’hépatite B, celui-ci peut se réactiver, on vous proposera alors un traitement. .Enfin, à long terme, vous pouvez avoir une baisse de globules blancs. Cela nécessite une surveillance à long cours.

Ce médicament s’administre par les veines durant le premier cycle de traitement, appelée induction et pendant les phases suivantes appelées consolidations.

BLINATUMOMAB (BLYNCYTO)

Le Blinatumomab est un médicament administré dans les leucémies aiguës lymphoblastiques B (LAL B).
Il s’agit d’un anticorps pouvant à la fois reconnaitre les cellules leucémiques grâce à la protéine CD19 à leur surface et s’accrocher à la protéine CD3 de globules blancs appelés lymphocytes T.
L’anticorps créé un pont entre les deux cellules, permettant aux lymphocytes de détruire les cellules malades.

Par son mécanisme forçant le système immunitaire à agir, le Blinatumomab peut induire une réaction inflammatoire importante. Par conséquent, les premiers jours d’administration se font systématiquement en hospitalisation avec surveillance de votre température, votre tension, votre fréquence cardiaque et vos paramètres respiratoires.
Possibilité de troubles neurologiques : troubles de la mémoire, confusion, troubles de la parole, de l’écriture ou somnolence. Très rarement : crises convulsives.
Une évaluation de votre écriture et de votre état de conscience est réalisée quotidiennement en hospitalisation mais également à votre domicile par une infirmière.

Le médicament est utilisé après la phase d’induction du traitement.
Une fois dans l’organisme, ce médicament est très rapidement éliminé par le corps.
Son administration est donc particulière : il est administré par les veines tous les jours, en continu, pendant 28 jours par le biais d’une petite pompe.

Vous viendrez en hospitalisation de jour deux fois par semaine, afin de changer la poche de traitement et pourrez continuer vos activités à domicile le reste du temps avec la pompe en bandoulière.

LES INHIBITEURS DE TYROSINE KINASE

Les tyrosines kinases sont des protéines permettant la multiplication des cellules.
Dans certains cancers, ces protéines sont trop actives ou subissent des modifications génétiques provoquant une prolifération incontrôlée.
Les inhibiteurs de tyrosine kinase sont des médicaments ciblés permettant de bloquer ces protéines. Cela permet d’endiguer la prolifération des cellules cancéreuses voire d’induire leur mort.

Si présence d’une anomalie génétique précise, à l’origine du chromosome de Philadelphie.

Prise par voie orale de PONATINIB.

Effets secondaires : ce médicament nécessite une surveillance rapprochée du cœur et des vaisseaux artériels, puisqu’il peut induire un vieillissement prématuré de ces organes.

Si les cellules malades de votre LAM présentent des anomalies du gène FLT3 (gène impliqué dans la prolifération des cellules de la moelle osseuse). On peut vous prescrire plusieurs molécules en association à la chimiothérapie.

Prise par voie orale de MIDOSTAURINE et du QUIZARTINIB.
En cas de rechute, il est possible de vous proposer du GILTERITINIB.

Effets secondaires : ces médicaments nécessitent une surveillance de votre électrocardiogramme régulière, deux fois par semaine, puisqu’ils peuvent provoquer des perturbations du courant électrique normal du cœur. Ils peuvent parfois provoquer des troubles digestifs.

IVOSIDENIB (TIBSOVO)

Les globules possèdent un gène, appelé IDH1 qui permet la production d’énergie pour nourrir la cellule. Dans certaines leucémies, ce gène a des anomalies ou mutations.

Cette version mutée d’IDH1 aboutit à la production d’une substance qui n’existe pas dans les cellules normales. Cette substance empêche la maturation des cellules sanguines. Les cellules du sang ne peuvent plus se différencier, elles se multiplient de façon incontrôlée, ce qui conduit à la leucémie aigüe.

L’ivosidenib bloque la version mutée d’IDH1 et fait réduire ou disparaitre la production de la substance anormale dans les cellules malades, et donc ralentir la production ou même faire disparaitre les cellules cancéreuses.

L’ivosidenib est un médicament très bien toléré.
Une surveillance régulière de votre électrocardiogramme est effectué, car il peut parfois provoquer des modifications des flux électriques du cœur.
Possibilité de fièvre, de gêne respiratoire, de prise de poids. Ces symptômes peuvent être en lien avec l’efficacité du traitement et doivent être signalés à votre médecin hématologue.

Par voie orale, quotidiennement et de façon continue.

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